Terre sienne sèche.
De la terre sèche et chaude qu’on arrose.
Amer du moringa.
Face au Pacifique...
Vidéo en cours de chargement...
Respirez calmement.
Profondément.
Répétez cette action autant de fois que nécessaire pour revenir naturellement, à un état de sérénité.
Fermez les yeux.
Tentez, autant que possible, de vider votre esprit... de vous rapprocher de l’animal que vous êtes et avez toujours été.
Tentez de vous rapprocher de ces animaux sauvages que vous avez déjà pu observer... comme cette panthère qui assure délicatement chacun de ses pas, comme ce colibri qui observe sans cesse ce qui l’entoure, comme cette libellule qui reprend son envol lorsque vous vous approchez d’un peu trop près... Prédateurs comme prédatés, tous adoptent le même comportement.
L’Homme éduqué que vous êtes pourrait aisément les qualifier, du haut de ses gros godillots, de craintifs... pas du tout, eux, sont éveillés.
Tentez de sentir ce comportement et de vous en approcher...
Réveillez-vous...
Regardez autour de vous, par la fenêtre...
Tout ceci ne vous paraît-t-il pas désormais totalement absurde, abracadabrant ?...
Voilà ce que nous vivons maintenant depuis des années.
Ce sont sûrement les plus belles choses que vous apporte le voyage... lent, sur une longue durée, sur une longue distance...
Avancer vers un inconnu... en assurant délicatement chacun de vos pas, en observant sans cesse ce qui vous entoure, avant de reprendre votre envol... toujours un petit peu plus loin...
Avec cette sensation de vous éveiller... de vous réveiller, petit peu par petit peu...
Une question ne cesse désormais de tourner en rond dans nos têtes : comment le quotidien, l’habitude, la répétition, peuvent-ils nous faire supporter l’absurde, l’abracadabrant ?
Cette question nous nous la posons, de diverses manières, plusieurs fois par jour, ici en Bolivie, à quelques mètres de la frontière brésilienne... fermée, pour cause de pandémie mondiale.
Fermée, aux « étrangers » que nous sommes.
La précision est nécessaire pour relever l’absurde, l’abracadabrant, puisque le flot de véhicules passant d’un côté à l’autre est continu et ininterrompu depuis notre arrivée, il y a quelques jours...
Est-il nécessaire aussi de préciser, pour relever l’absurde, l’abracadabrant, que de tous ces véhicules, aucun ne subit de test, de désinfection, de contrôle sérieux, hormis une prise de température rapide des passagers ?...
Est-il nécessaire encore de préciser, pour relever l’absurde, l’abracadabrant, qu’en tant qu’étranger nous sommes autorisés à entrer, sans aucune difficulté, sur le territoire brésilien par avion ?...
Mais alors ?... si le voyage, lent, sur une longue durée, sur une longue distance, pourrait être une voie pour nous permettre de nous éveiller, de nous réveiller, est-ce que les états qui nous protègent ne chercheraient-ils pas à nous endormir, à nous abêtir, en nous interdisant de voyager par voies terrestres ?...
Avez-vous remarqué que ce sont ces mêmes états, qui ferment nos frontières terrestres, voire qui nous enferment purement et simplement chez nous pour nous protéger d’une pandémie mondiale, qui autorisent la vente de cigarettes ?
Est-il nécessaire de préciser, pour relever l’absurde, l’abracadabrant, que, selon l’OMS, « le tabac* fait plus de 8 millions de morts chaque année » ?
*note de l’auteur : le tabac tel qu’il est commercialisé, inondé d’adjuvants tous plus ou moins cancérigènes.
Avez-vous remarqué que ce sont toujours ces mêmes états protecteurs, qui autorisent la vente d’alcool ?
Est-il nécessaire de préciser, pour relever l’absurde, l’abracadabrant, que, selon l’OMS toujours, « l’abus d’alcool a entraîné en 2016 plus de 3 millions de décès, soit un décès sur 20 » ?
Avez-vous remarqué que ce sont toujours ces mêmes états protecteurs, qui produisent et distribuent les armes qui nous permettent de nous entretuer ?
Est-il nécessaire de préciser, pour relever l’absurde, l’abracadabrant, que, c’est à nous, pauvres peuples chauvins d’assumer les massacres, puisque tout ceci est, en grande partie, financé par l’argent public ?
Avez-vous remarqué que ce sont toujours ces mêmes états protecteurs, qui donnent leur aval pour que l’on déverse quotidiennement dans notre biosphère, des produits hautement toxiques ?
Est-il nécessaire de relever encore un peu plus l’absurde, l’abracadabrant ?
Respirez calmement.
Profondément.
D’ici quelques jours la durée que nous octroie notre visa de touriste bolivien se sera écoulé.
D’ici quelques jours donc, nous serons hors-la-loi... c’est la loi, celle qu’ont decidé nos chers états protecteurs...
Pourtant, selon l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme : « Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État »...
De l’absurde, de l’abracadabrant... vous nous en direz tant.
Respirez calmement.
Profondément...